Pendant le temps du Jubilé, le Père Ambroise Riché nous propose un parcours sur la confession.
Une confession conforme à ma vocation
Dans toute confession, il peut exister un risque narcissique. C’est le risque de se regarder soi-même, de regarder sa vie à partir de critères qui dépendent seulement de nous. J’examine et je juge ma vie à partir de la représentation que je me fais de ma vie parfaite. C’est moi en face de mon idéal et non plus devant Dieu. Cette manière de nous regarder conduit à plusieurs difficultés. Tout d’abord, elle peut laisser de nombreux angles morts : tous ces aspects de nos vies que nous considérons sans importance et dont nous ne pensons pas ou ne voyons pas qu’ils puissent être concernés par les exigences de l’évangile. Ensuite, ce jugement de soi au regard de notre perfection rêvée conduit à une conception très individualiste de notre vie. Nous confessons nos misères, nos pauvretés, nos manquements, nos excès, nos lâchetés, nos trahisons comme si l’enjeu et l’impact spirituel de nos actes ne concernaient que nous. Nous oublions que nous appartenons à différentes communautés humaines, que nous sommes liés les autres aux autres et que dans ce lien nous portons une certaine responsabilité vis-à-vis des autres. Cela est particulièrement vrai lorsque nous sommes fixés dans une vocation particulière, le mariage par exemple :
Dans ce cas, il n’est plus possible – comme pourtant c’est trop souvent le cas – de faire des confessions de célibataire on l’on s’accuse seulement d’avoir manqué la messe, de ne pas prier tous les jours, de regarder des femmes dans la rue. Chaque chapitre de l’examen de conscience doit inclure mon conjoint car c’est dans cette relation, scellée dans le sacrement de mariage, que la relation à Dieu se joue.
Le mari pourra s’accuser directement de ne pas donner à sa femme la tendresse, l’écoute dont elle a besoin. Et il devra s’accuser indirectement non plus seulement de ne pas prier, mais aussi, par ce manque, de ne pas aider sa femme dans sa vie de prière, car par le mariage, il est responsable de la vie de prière de sa conjointe. Une femme mariée devra dire non seulement : Cela fait 6 mois que je ne suis pas allée me confesser et je me suis laissée aller, mais aussi ajouter : par ce comportement ; je n’ai pas incité et même peut-être empêché mon mari d’aller aussi se confesser. Il existe d’autres types de relations décisives qui touchent profondément votre relation à Dieu et par lesquelles Dieu vous rend responsable de votre prochain : relation filiale aux parents, relations fraternelles avec vos frères et sœurs, relations avec les amis, relations amoureuses si l’on n’est pas marié. Il sera juste de dire : non plus seulement : je me suis énervé(e) contre mes parents, mais peut-être aussi : je les ai poussés à l’agacement et à se mettre en colère. On pourra dire aussi non plus simplement : Je m’accuse d’avoir critiqué mon prochain ; mais ajouter je l’ai fait devant mes amis et les ai entrainés à le faire. Je ne me suis pas ouvert aux autres, et dans une relation exclusive avec tels amis, je les ai conduits à ne pas s’ouvrir non plus. Je n’ai pas été pure et chaste dans ma relation avec untel, ou une telle et je l’ai conduit à ne pas l’être non plus. Je me suis découragé(e) et j’ai conduit les autres à se décourager et à manquer d’espérance.
Faire abstraction de ces relations, c’est ne pas comprendre à quel point l’amour de Dieu est intimement lié à l’amour que je dois vivre dans ces relations et à la responsabilité que je porte dans celles-ci. Ainsi nous devons considérer dans notre vie, tout ce qui relève de notre place, de notre devoir d’état, et qui engage notre responsabilité. Nous devons considérer toutes ces relations structurantes qui définissent notre identité devant Dieu dans la communauté des hommes. Nous devons redécouvrir dans notre manière de formuler notre aveu en confession que nous avançons dans cette vie comme une communauté d’hommes liés les uns aux autres dans le mal, et plus encore dans le bien.
Mise en œuvre : Prendre le temps de noter les différents cercles de relation et les champs de responsabilité que j’ai dans ces relations et de revoir la compréhension de mes péchés à cette lumière.
Père Ambroise RICHÉ
À suivre…